Podonipsie

Trente invités se sont rendus au calvaire du Mont Arès à Nestier (ancien lieu de culte païen classé aux monuments historiques), ils ont enlevé leurs chaussures et dans le silence ils ont arpenté la colline durant une centaine de mètres, longeant onze oratoires de pierres brutes afin d’arriver dans une petite chapelle à l’orée de la forêt. Chaque invité est venu s’asseoir et j’ai commencé à laver un pied de chaque personne, un peu d’eau, le sécher, appliquer de la main l’onguent puis enduire ce dernier avec mes cheveux. Ces mêmes gestes se répétaient, donnant à chacun ce qui était au plus profond de moi-même entre son pied et ma main, mes cheveux et cet onguent cuivré. Etre ensemble dans cet espace, autour de mouvements inhabituels mais portant toute la légitimité de l’ici et maintenant… La mise en scène s’est construite comme une image d’Épinal qui agit dans notre inconscient. On retrouve une structure picturale ancrée dans l’histoire de l’art ainsi que le rituel de la podonipsie présent depuis l’Antiquité (aux nombreuses symboliques). Les cheveux, agissent comme médium de l’éveil et l’ouverture à la sensorialité. Cette performance n’a, en apparence, comme objectif que sa raison d’être, la répétition d’un geste simple qui nous élève à la conscience de notre humanité. Le champ artistique vient ici résonner avec force, de l’importance de ce qui s’active quand on convoque un inconscient collectif, qui est reconnu et insaisissable.

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