La vidéo de « Podonopsie », images physiquement en mouvement, fait lien vers les corps réels, maisc’est la performance « live » qui concentre toutes les puissances du vivant : corps réels immergés dans l’expérience, en interaction actualisée et non seulement virtuelle, participation psychophysique du groupe, transformation des participants par l’échange d’énergie, humanisant l’échange métabolique entre organisme et milieu de vie. Ils n’y sont plus simples spectateurs, mais « expérienceurs », comme dans les formes contemporaines d’art immersif et interactif. A l’autre pôle de la dématérialisation de l’art numérique, pourtant : dans l’expérience de la matière et des corps. L’interaction physique, via la ritualisation du geste, entre la performeuse et des humains qui ne sont plus simplement « un public », mais participent à l’action. Enracinée dans les origines de l’art, qu’elle fait renaître autrement, cette expérience d’intense présence ouvre à l’avenir à faire, au lien individu/humanité à retisser par l’œuvre se faisant.
Michaël Hayat, philosophe du vivant et de l’art, ex-chercheur en esthétique.